mardi, décembre 13, 2005

14 - Les massages

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Au bout de quelques minutes, Sylvie mendia une cajolerie.
Je me retournai pudiquement. Annabelle était à l’eau avec Adrien, et Dimitri les photographiait. Je me décidai à m’enduire le dos.
Je pris une gorgée d’eau, puis allais m’emparer du flacon.
« Tu veux que je te mette de la crème sur le dos ? »
Dimitri. Mes rêves devenaient réalité. Je m’inquiétai. Etais-je victime d’une insolation ? Je ne sus que dire.
Je m’étendis finalement sur le ventre, essayant de faire taire la petite voix de ma conscience qui me répétait, narquoise : ‘‘rien n’est plus éloquent que le silence…’’

C’est cet instant que choisit un moteur pétaradant pour démarrer en fanfare juste au-dessus de nous. Je sursautai, relevant vivement la tête.
Ses mains chaudes et huileuses s’abattirent sur mes trapèzes.
« Laisse-toi aller, détends-toi.»
S’il avait conscience de l’effet qu’il produisait sur moi, son petit jeu s’apparentait à un crime de guerre.
Il se mit à me masser le haut des épaules et la nuque. Bien. Vite, programmer une alarme sur le portable, prétexter un rendez-vous, écourter mon séjour… Ne plus penser à rien.
Il avait trouvé le nœud. S’y attardait.
Comme il se releva, je ne bougeais plus.
Et je sentis ses mains, à nouveau couvertes de crème, remonter sur mes chevilles, mes mollets, mes genoux, mes cuisses.

La partie à jouer était serrée. Très serrée.

J’ai quelques rondeurs, je le sais, je ne m’en cache pas, mais d’ordinaire j’en ai quand même quelques complexes. Bon, il m’avait d’abord découverte en collant troué, et puis là en maillot de bain, je pouvais difficilement remettre ma robe pour cacher mes fesses gélatineuses sans passer aussitôt pour une sainte nitouche.
Mais tandis que ses mains enveloppaient mes cuisses, je ne réfléchissais plus.
Je jouissais de l’instant, qui n’était peut-être qu’une illusion.
De toutes façons, j’étais incapable d’aligner deux pensées cohérentes.
Il poursuivit dans mes reins. Dégrafa mon haut. Il me massait sans se lasser, alternant les mouvements de va-et-vient et de petits cercles un peu vifs pour dénouer les muscles. Un véritable artiste. Et moi, une pâte à modeler. De la chair en fusion.

Il avait fini. Je l’entendais respirer à côté de moi. Je ne tournai pas encore la tête vers son côté. Je somnolai.
Au bout de quelques instants, je regrafai mon haut. Puis me tournai vers lui.
Il était sur le ventre, et me regardait, me tendant le flacon avec un petit sourire.
C’était son tour…
J’hésitai. L’enduire sauvagement comme si la crème était un emplâtre ? ou lui faire subir le sort que mes mains brûlaient de lui faire subir, de ces moments intenses qu’elles avaient longuement répétés sans en connaître la signification profonde mais qui m’avaient valu tellement de compliments ?
Je m’installai à cheval sur lui.
Au diable la pudeur. Autant que nos maillots fassent connaissance.

Adrien et Annabelle revinrent, riant aux éclats. L’ambiance s’en ressentit brutalement. Puis mon téléphone se mit à sonner.
Dimitri l’attrapa alors d’une main preste pour me le tendre.
« Ce n’est pas le moment, j’ai de la crème partout sur les mains ! »
Il jeta un coup d’œil à l’écran.
« C’est Tugdual. »
Je bondis. De Guadeloupe… je ne pouvais pas ne pas prendre l’appel !
« Réponds pendant que je m’essuie les mains ! »
Il me rendit volontiers ce service tandis que je me relevai.

Tugdual était en train de me chercher sur la plage de Dinan. La Guadeloupe, c’était un leurre. Il avait voulu me faire la surprise.

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